Naomi Burlet

Avez-vous déjà eu l’envie de conserver une fleur, pour se souvenir de sa beauté furtive ou du joli moment qu’elle représentait ? Capter l’éphémère, l’instant parfait, voilà sans doute ce qui nous poussait enfant à faire des herbiers ou des bouquets secs. Naomi Burlet, designer végétale, excelle dans cet art.  Aujourd’hui, elle nous ouvre les portes de son atelier : L’Atelier Canopée à Lavaur, dans le Tarn.

Visite d'atelier

J’ai eu la chance de la rencontrer dans son atelier suspendu. On y pénètre par quelques marches en bois, comme pour prendre de la hauteur sur le monde, pour écouter le silence… ce temps suspendu. Ici tout est raffinement, poésie, une parenthèse dans la cacophonie ambiante, un souffle de vie, un havre de paix.

Naomi Burlet est designer végétale. Un bien joli métier. De tous ses voyages de toutes ses balades, elle a toujours rapporté un souvenir végétal, elle aime ramener la nature chez elle, pour la sublimer, dans un mouvement de l’extérieur à l’intérieur.

 

Glaneuse

Aujourd’hui, elle glane dans la nature environnante des fleurs séchées, des branches, des mousses, des lichens. Elle les sélectionne soigneusement pour leurs formes, la courbe de cette ombelle, la ligne de cette tige. Elle a le regard contemplatif de ces poètes romantiques qu’elle nous livre dans ses compositions délicates. Le bouquet est sculpté, comme une œuvre d’art ; Elle cisèle la délicate harmonie de la nature et y apporte de subtils reflets dorés, apposés à la feuille d’or. Le vase n’est pas un simple figurant il est soigneusement choisi pour magnifier ce concentré d’équilibre. Elle réinvente les vanités, ces tableaux allégoriques sur le passage inexorable du temps.

 

Frêle tableau

Naomi Burlet réalise aussi des tableaux de pétales. Ici c’est une pivoine rose tendre. Elle révèle la beauté de ces frêles pétales translucides : leurs formes dentelées, les accents de violine. On retient son souffle. Elle travaille avec une pince à épiler pour mettre en aplat, proposer une autre harmonie, un équilibre articulé autour du vide de chaque pétale et de la vacuité du temps. J’aurais rêvé qu’elle s’occupe de cette dernière rose glanée dans ce jardin endormi.

Légère brise

Elle travaille actuellement d’autres compositions végétales : avec des assemblages de feuilles et pétales qui seront déclinés en papier peint. Une douce mise en abîme bucolique, jamais figée. Naomi Burlet y insuffle une légère brise : elle fait tanguer cette tige, courber cette fleur, briller cette feuille : regardez-y de plus près, vous verrez que ce papier peint vit.

 Sandrine Teste-Schott

Photos : Atelier Canopée